Le Bhoutan est un petit pays bouddhiste enclavé entre la Chine et l'Inde. Pratiquant un isolationnisme strict, il est resté fermé aux étrangers jusqu'aux années 70. La télévision n'a été autorisé qu'en 1998 pour la diffusion de la Coupe du Monde de Football... Même aujourd'hui, il est très difficile de pénétrer au Bhoutan car les touristes sont triés. La sélection se fait par l'argent, les étrangers devant débourser 200$ pour un visa d'une journée. Et le nombre d'élus est faible: 1000 par an !
Le 6 novembre 2008, un jeune roi de 28 ans a été couronné. Fils de Jigme Singye Wangchuck qui a abdiqué en 2006, Jigme Khesar Namgyel Wangchuck a fait des études de sciences politiques à Oxford. Surnommé le "Prince Charmant" son couronnement marque la fin d'un processus de libéralisation et de modernisation lancé en 2001 par son père dans cette jeune monarchie constitutionnelle. Le tout nouveau roi a réaffirmé sa volonté de régner dans la lignée de son père, loin des considérations économiques du reste de la planète: "En tant qu'être humains, il nous faut plus que des biens matériels".
Que du bonheur ?
Dans les cîmes himalayennes, le Bhoutan est loin du monde, et s'en fiche. Dans les années 70, le roi Jigme Singye Wangchuck a inventé le concept de "bonheur national brut" sur le modèle PNB. A la différence que c'est une philosophie qui prône un développement économique et moral, la sauvegarde des richesses naturelles et le respect des valeurs humaines.
Eden himalayen ou dictature du bonheur ? Le "Bonheur national brut" (BNB) a été hissé au rang de statistique officielle et la commission bhoutanaise ad hoc estime que 68% des 670.000 sujets du royaume sont "heureux". La faune et la flore sont particulièrement bien préservées, en témoigne le soutien de la WWF au pays. 26 % de son territoire a été transformé en parcs naturels, plus de 70 % reste couvert de forêts.
La réalité n'est pas si simple. Le bonheur est peut-être dans les prés himalayens mais il ne faut pas oublier que le BNB s'appuye également sur la défense de l'identité nationale. L'ex-roi avait en effet lancé un processus de "bhoutanisation" de la société qui impose le port du costume traditionniel, le respect de la religion bouddhiste et la nécessité de justifier de sa présence dans le pays avant 1958.
Censée protéger les traditions, cette mesure visait plus à chasser les descendants des populations hindouistes d'origine népalaise nationalisées en 1958. Ces derniers, lesLhotshampas ont été déchu de leur citoyenneté et ont dû fui le pays en 1992 suite aux troubles provoqués par ces mesures discriminantes. Plus de 120 000 réfugiés vivent donc désormais dans des camps au sud du Népal sans qu'aucune solution n'ait été trouvée. Le bonheur coûte cher...
Sans oublier que le Bhoutan fait partie des pays les moins développés de la planète. Même si l'école est gratuite 40 % de la population est analphabète.
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Rubrique Bhoutan du site France-Népal